jeudi 1 mars 2007

"Dublin. Nom propre pluriel."


"Dublin.

Nom propre pluriel.

Il y a le Dublin des riches, naturellement, et le Dublin des pauvres. Comme partout. Mais il y a plus que cela. Les riches après tout s'accommodent volontiers d'un peu de variété ; les pauvres sont riches de leur diversité.

Et puis, il y a les autres, ceux qui ne sont ni l'un ni l'autre -ceux qui s'en sortent sans plus, la masse moyenne, la piétaille. Où est-ce qu'ils vivent, ceux-là ?

A Dublin, avec les autres. Un million de chats dans un sac, sur les bords de la rivière.

Dublin salarié, Dublin pédé, Dublin junkie, Dublin spectacle, Dublin fêtard, Dublin des attachés-cases, Dublin clodo, Dublin banlieue, Dublin des ados, Dublin cité des gangs, Dublin drapeaux dans le vent, Dublin des mères, Dublin péquenot, Dublin musulman, Street battue par le vent et la pluie à onze heures du matin au mois de février, Dublin ivre, Dublin affamé, Dublin de la brigade des moeurs et de la syphilis, Dublin qui danse, Dublin et sa fausse cathédrale catholique, Dublin des écrivains, Dublin des politiques, Dublin à la télé, Dublin selon Bono, Dublin selon Ronnie Drew, Dublin de Bloomsday, Dublin d'Arbour Hill et de Kilmainham Jail, Dublin selon Gandon, Dublin selon Durcan, Dublin, la ville où l'on enseigne l'Anglais comme une langue étrangère, Dublin Juif, Dublin des émigrants, Dublin des émigrés, Dublin qui vous tabasse, Dublin qui vous dépouille, Dublin du XVIIIè siècle, Dublin qui vous viole, Dublin qui vous tue, Dublin des golfs, Dublin des Américains, Dublin de la Saint-Patrick, Dublin de Phoenix Park, Dublin des tueurs en série, effrayant paradis des pots-de-vin, Dublin des embouteillages, Dublin des promoteurs, Dublin inepte, Dublin qu'on n'a pas les moyens de se payer, Dublin qui a besoin de vous, Dublin qui n'en a rien à foutre, Dublin avec sa vue sur les collines, la mer dans la baie, la rivière ivre qui titube.

Dublin."



Keith Ridway, Puzzle, 2004.


B.O : Yes, Please, Muse. A écouter très fort en lisant le texte.

lundi 26 février 2007

Avertissement au lecteur.



Lecteur, mon lapin, ami, camarade, (tu permets que j't'appelle "camarade" ?), il te faut lire, avant de te lancer avidement dans la lecture de ce journal de bord -c'est, d'une part, beaucoup plus élégant que "blog", qui évoque une sorte de monstre globuleux et polymorphe qui sort du trou des chiottes au moment où on ne s'y attend pas dans le but de nous faire subir des sévices pires que le Best Of d'Abu-Grahib ou les mémoires de Maurice Chevallier, et d'autre part, "journal de bord" rend mieux compte de mon intention-, cet avertissement.
Je tiens à m'excuser solennellement de tout, c'est-à-dire à ne demander pardon pour rien, et, empreint d'un désir d'honnêteté jusqu'au bout, à lever la main droite et à ne dire rien qu'la vérité, juste la vérité et plein de trucs vrais. Aussi, tout ce que tu liras lors de ces nuits sans lune interminables où tu me suivras dans le dédale de ma vie aventureuse est tout à fait authentique, je le jure sur la Bible et la Vie Après la Mort, le Coran même alternatif, le Grand Livre Noir du Communisme, le Petit Livre Rouge du Libéralisme, Hiroshima, mon Amour, et l'Encyclopédie Encarta en 130 volumes (Thésaurus non compris, sinon c'est d'la triche, c'est comme manger avant de s'enfiler des pintes).
Pour commencer, je tiens à préciser devant Dieu que c'est pas moi que j'ai volé l'orange du marchand, ni cassé ce putain de peigne. C'est Rousseau, j'vous promets.
Je tiens aussi à dire, Lecteur, Ma Poule, que ce que tu t'apprêtes à lire est très chiant.
D'abord, parce que mes phrases sont interminables (je ne vois que rarement l'intérêt de terminer une phrase, sinon pour reprendre sa respiration, mais enfin, j'imagine bien que je ne serai jamais lu à voix haute, et tant mieux, sans doute).
Ensuite, parce que les raisons de ce Journal de bord sont de plusieurs ordres. D'une part, pour assouvir tes désirs qui sont ceux de tout lecteur avide de nouvelles de ma vie et de sensations fortes, de rock'n roll, d'électricité, de misère, d'un peu de violence et d'un peu de cul, je relaterai ici ce qui m'est arrivé, en intégralité, je l'espère, si ma mémoire est bonne. D'autre part, parce que je n'ai pas laissé mon cortex et mon bulbe rachidien dans les soutes de l'oiseau métallique qui m'a déposé un beau matin de janvier au coeur d'une ville dont je n'avais pas même une carte. (Faisons un jeu : trouve dans la phrase précédente trois noms d'organes, et un lieu commun de la pire espèce d'avion). Conséquemment, toi, Lecteur, Copain, Compagnon de Route fidèle parmi les Fidèles -si déjà, tu me lis encore, c'est très courageux, sois-en remercié-, tu te taperas aussi mes réflexions philosophiques, qu'elles fussent niveau Ground Zero ou de la taille du sommet du Spire (Le Spire n'est jamais décevant). Je sais que la plupart d'entre Toi, Lecteur, est déjà habituée (sujet, "la plupart", suis, un peu.) à lire beaucoup et intensément des choses qui n'en valent pas toujours la peine, mais enfin, j'ai quand même gagné ma place sur le Bleurg de Vanz, merde. (http://vanz.over-blog.com/)
Je tiens aussi à recommander aux enfants d'éloigner très beaucoup leurs parents, ou les parents d'éloigner les grands-parents, car il va y avoir pas mal de gros mots, de grossièreté, d'allusions très racistes, sexistes, antisémites, voire homophobes et tout plein de blasphèmes, je ne vous garantis rien, mais je vous promets tout. Ne te démonte pas, donc, si tu aperçois au détour d'une virgule traître des mots dissimulés habilement comme "sodomie" ou "Nietzsche" ou "Quignard", quoi. Mon but n'est évidemment pas de remettre en question l'existence de la Shoah, de me présenter comme "candidat du peuple", de piocher dans l'électorat indécis sarkozyste, ni de séduire à grands coups de Débats Participatifs, mais enfin, Lecteur, Mon Français de souche, si tu n'es pas capable de ce discernement, dégage dès à présent d'ici pour aller fomenter un complot pour le 1er mai. Je me ferai un plaisir de laisser le champ libre à tous les commentaires possibles et imaginables pour recueillir la stupeur et les tremblements, les bourriches d'huîtres et les bouquets de roses, dussent-elles encore avoir leurs épines, et bien que toutes les critiques seront les bienvenues, elles seront patiemment écoutées, mais rarement entendues, t'es prévenu, c'est moi que j'suis le patron, m'emmerde pas trop longtemps.
Voilà, Lecteur, Ma Puce, tu es prévenu, tu sais à quoi tu t'engages. Evidemment, tu es totalement libre, désormais, de me lire, ou de hausser dubitativement les épaules en renonçant et en allant de plonger plutôt dans le dernier Marc Lévy (http://www.marclevy.info/) qui contient plus de jolis sentiments et vachement moins de grossièretés. Mais gare, Lecteur, Mon Chéri, le sucre, ça fait grossir et ça pourrit les dents.


Note, benêt : A la fin de chaque article, il y a ce que j'ai appelé, tu le remarqueras très vite, la BO. Ça aurait pu vouloir dire "Boris Ovakonovitch", "Bite Ouverte" ou "Bar Ouzbek", en fait, ça veut dire "Bande Originale". Comme ça, ça donnera un côté film très sympa à ta lecture, les événements et la musique en même temps, pour larmoyer à l'envi avec une bande sonore très triste, ou rigoler de bon coeur avec la Bite à Dudule au moment où j'me casse la gueule sur une peau de banane. J'ai mis cette "BO" parce que ce sont les morceaux que j'ai soit eus en tête, soit écoutés, soit les deux, au moment raconté. Je ne suis pas con, aussi, je sais que si tu peux me lire en ce moment, c'est que, logiquement, tu es connecté au net. Voilà pourquoi la grande majorité des morceaux que j'aurai indiqués sera accessible online sur le très bon site http://www.radioblogclub.com/, où tu n'auras qu'à copier coller le titre/auteur du morceau.
Oui ? Ça ressemble à ces bouquins d'enfants que tu peux lire en écoutant de la musique ?
Alors, Lecteur, Mon Divin Enfant, dès que tu entends la clochette, tu peux tourner la page.